LA BELLE AREQUIPA & LE CANYON DE COLCA

miss kimvan
28 août 2017
6 min de lecture

C'est à l'aube que j'arrive à Arequipa après une nuit de bus et choisis l'auberge de jeunesse Arequipay backpacker downtown. Il est trop tot pour le check in mais j'ai la possibilité de prendre le petit déjeuner et même de prendre une douche (chaude!). Arequipa semble être une ville où il fait bon vivre, plus calme que Lima, avec des nuits fraiches et des journées ensoleillées très agréables. Deuxième ville du pays avec près de 850 000 habitants, Arequipa est située à 2 335 mètres d'altitude, au pied des volcans Misti et Chachani encore en activité aujourd'hui. Je consacre la matinee à visiter le centre historique avec un "free tour", 2h30 de visite réalisée par une guide étudiante. Nous commençons avec une dégustation de thé au chocolat, dont l'odeur très cacaotée est plus parfumée que le goût. Puis nous partons déambuler dans le centre historique en passant notamment par l'Iglesia de la Compañía de Jesús construite en 1590, la Cathédrale Notre-Dame d'Arequipa dont les tours ont été reconstruites après le tremblement de terre de 2001 et qui domine la belle et animée Plaza de las Armas (la visite de l'église permet d'accéder au toit qui donne une vue imprenable sur toute la ville et sur les volcans Misti et Chachani), le Mercado san Camillo... J'aime me retrouver dans les marchés et m'imprégner de l'ambiance, des odeurs, de la vie des gens locaux, tout est très coloré, bien organisé par catégorie de produits : les volailles, les poissons, les jus de fruits frais, les pulls et bonnets péruviens, les graines et épices, les instruments de musique... et même les foetus d alpaca séchés. Il parait qu'on les enterre dans les fondations des maisons pour qu'ils portent chance au nouveau foyer... ! Nous nous arrêtons sur un stand pour découvrir le queso helado, un dessert à base de lait concentré sucré que l'on fait givrer en le mettant dans un grande bassine de glaçons et que l'on sert avec de la cannelle. Je n'aurais pas osé commander ce dessert (traduit littéralement "fromage glacé"), c'est une belle découverte ! A la sortie du marché, Je découvre également les papás, des petits beignets de pomme de terre fourrés avec du poulet cuisiné aux oignons, pour le coup je suis moins fan, c'est un peu lourd. Je suis retournée plusieurs fois au marché san Camillo, notamment pour y manger un ceviche, un plat de poisson cru mariné et bien relevé, ou pour siroter des jus de fruits frais assis sur de petits tabourets de bois devant les stands alignés : jugo de maracuya ou le savoureux jugo de lucuma (un fruit typiquement péruvien que j'ai découvert ici, avec une pulpe assez épaisse et qui, je trouve, a une odeur de caramel). Autre spécialité culinaire traditionnelle d'Arequipa à ne pas manquer : l'adobo, qui se consomme traditionnellement au petit déjeuner le dimanche matin après la messe. Conseillé par mon chauffeur de taxi en arrivant dans la ville, j'ai découvert ce plat à base de porc et d’oignons, cuit dans du jus de maïs fermenté (chicha de jora) quelques jours plus tard dans un petit restaurant local. En échangeant avec le propriétaire du resto, j'ai même eu droit à la recette en visitant la cuisine :)

Mise à part les spécialités culinaires d'Arequipa, il ne faut surtout pas rater la visite du Monasterio de Santa Catalina, le plus grand couvent du monde et le plus important édifice religieux du Pérou. Découvert un peu par hasard 3 jours après mon arrivée, le site vaut vraiment le détour autant pour son architecture que pour les couleurs éclatantes. L'endroit est paisible, on entre d'ailleurs par un porche d'un rouge chatoyant sur lequel on peut lire l'inscription "silencio". Le site est si vaste qu’il est semblable à une petite ville avec ses rues, ses jardins, ses cloîtres et ses maisons. Enchainement de couleurs : le rouge profond des murs extérieurs, le bleu indigo flamboyant des murs intérieurs, l'ocre jaune sur certains bâtiments contrastent avec le sol pavé gris clair et le bleu du ciel. On y apprend par la visite que le couvent Santa Catalina a été construit en 1579. Il hébergeait 450 religieuses, qui n’avaient aucun contact avec le monde extérieur jusqu’en 1970. Cadettes des meilleures familles de l’aristocratie péruvienne (leurs aînées étant vouées au mariage), elles étaient placées dès leur plus jeune âge au couvent sans pour autant perdre les avantages octroyés aux personnes de leur rang : les cellules étaient converties en maisonnettes avec servantes et esclaves, la décoration ostentatoire : services en porcelaine, argenterie... Rien n’était trop beau pour permettre à ces jeunes filles de conserver leur train de vie et de recevoir une éducation. La toute première supérieure des lieux, la riche veuve doña Maria Alvarez de Carmona y Guzman avait exigé aux novices une dot importante, offrant ainsi au couvent un statut à part, symbole de la majestuosité de l’ère coloniale. Puis, des membres du Vatican se rendirent sur place pour remettre de l’ordre, exigeant aux résidentes de suivre une voix plus pieuse. Elles firent donc vœu de pauvreté, furent contrainte à rejoindre le dortoir (libérant ainsi servantes et esclaves) et à suivre une vie de prière et silence…. Aujourd'hui, seule une quarantaine de religieuses occupent le couvent, leurs quartiers étant réduits à un quart de sa superficie totale.

Autre activité à ne pas manquer dans la région d'Arequipa : le trek pour le canyon de Colca et le mirador Cruz Del Condor d'où l'on peut admirer le vol majestueux de cet oiseau, symbole national du Pérou. Après avoir visité 5 ou 6 agences, je me rends compte que c'est toujours le même tour qui est proposé, même heure de départ, mêmes étapes... Pas trop envie de me retrouver avec des centaines de touristes... ! D'autres agences proposent des tours privés mais cela revient très cher (450 à 550 PEN). En échangeant avec les hôtes de l'auberge de jeunesse, apparemment, ca n'est pas si difficile de faire le trek sans guide. Cheryl et Rick, un couple de canadiens de Vancouver, sont ok pour que je me joigne à eux :) Le lendemain, nous sommes rejoint par Kevin, qu'ils avaient rencontré un peu plus tôt au Pérou. Le temps de faire connaissance lors d'une soirée au Mono Blanco, un bar très cool, et voila la "Team Colca" prête pour affronter le canyon :) C'est donc tous les 4 que nous partons à la découverte du 2e canyon le plus profond du monde avec ses 3400m ! Nous commençons par 6h de bus pour aller jusqu à Cabanaconde, petit village dans lequel nous passons la nuit à l'hostel Arum Qurpawasi hospedaje. Le lendemain matin, un bus nous emmène jusqu'à la Cruz del Condor, le panorama est magnifique et nous avons la chance de voir plusieurs condors. Les cars de touristes commencent à arriver, nous quittons le site à pieds cette fois pour retourner à Cabanaconde (environ 2 heures de marche, en suivant la route ou en coupant à travers champs). Le temps de récupérer nos sacs et de déjeuner et nous repartons vers le canyon, pour le découvrir du fond cette fois ci, et dormir à l'oasis de Sangalle, un refuge pour les randonneurs accessibles uniquement via le trek. Le chemin est très abrupte, parsemé de grosses pierres, ce n'est pas facile. Mais on en prend plein les yeux, le paysage est à couper le souffle ! Arrivés au fond du canyon après environ 4h de marche, nous pouvons savourer une petite baignade dans une piscine naturelle, l'eau est fraiche mais moins que celle de la douche ! La nuit tombe et dévoile un ciel parsemé de milliers d'étoiles, nous sommes au milieu de nulle part... mais partageons quand même un petit cocktail et une partie de babyfoot mémorable ;-) Le jour suivant nous reprenons le même chemin pour remonter le canyon, sous le soleil et non sans peine ! Puis retour vers Arequipa après encore 6 bonnes heures de bus. J'avais prévu de repartir directement vers Cusco mais je n'ai pas le courage de reprendre un bus de nuit, je resterai une journée de plus à Arequipa. Bilan de ces 6 jours : une belle étape à Arequipa, un trek mémorable et une "team Colca" de choc, qui va me manquer... !!