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RETRAITE VIPASSANA, 10 JOURS DE MEDITATION EN SILENCE...

  • Photo du rédacteur: miss kimvan
    miss kimvan
  • 19 oct. 2017
  • 12 min de lecture


Vipassana est l'une des méthodes de meditation basée sur l'observation des sensations, et dont l'enseignement a pour objectif d'apprehender la vie de façon apaisée et sereine. C'est un art de vivre. Apres l'avoir pratique pendant 14 ans, M. Goenka, birman d'origine indienne, enseigne la méthode Vipassana depuis 1969 auprès de dizaines de milliers de personnes de toutes origines et religions. Elle s'inspire fortement des valeurs du bouddhisme mais est laique et peut etre pratiquée par tout le monde. Il existe aujourd'hui 178 centres Dhamma (d'enseignement) Vipassana dans le monde.

Ayant découvert par hasard sur un blog de voyages les retraites Vipassana, je contacte le centre Dhamma Vipassana de Pokhara, situé dans le centre du Nepal. Les retraites durent une dizaine de jours, sont ouvertes aux élèves du monde entier et l'inscription est gratuite (on effectue une donation à la fin du séjour pour que d'autres élèves puissent eux aussi bénéficier de l'enseignement) il faut donc s'y prendre à l'avance pour réserver sa place car la capacité est limitée à une quarantaine de personnes, une vingtaine de femmes et une vingtaine d'hommes. Je m'y prends début juillet pour la session du 1er octobre, et après 2 ou 3 échanges pour reconfirmer ma presence, je reçois tous les details pour ma retraite ainsi que le code de discipline à observer pendant ces 10 jours : s’abstenir de tuer, de voler, d’avoir des activités sexuelles, de mentir et de prendre des drogues ou alcools. Il faudra par ailleurs respecter le "noble silence" (de la parole mais aussi du corps), la segregation hommes-femmes, le planning (réveil à 4 heures du matin puis alternance entre meditation et enseignements toute la journée jusqu'à 21h) et la présence jusqu'à la fin du stage. Plutôt enthousiaste de vivre cette experience, je ressens néanmoins une petite apprehension la veille, me demandant si je vais tenir le coup ! J'envoie quelques messages à mes proches pour me donner du courage...! Je n'ai pas voulu trop me renseigner sur le sujet ni lire les commentaires des anciens élèves, préférant vivre cette experience sans comparaison, de façon plus personnelle. Le 1er octobre, un taxi me conduit jusqu'au centre Dhamma Vipassana Pokhara situé à 45 mn du lac de Pokhara, au dessus du lac de Begnas. Nous avons rdv à 13h. Les élèves arrivent petit à petit de Russie, USA, Suisse, Italie, Georgie, Allemagne, Chine, Pays-Bas, Singapour, Espagne, Chili, France, Nepal... Nous devons remettre nos effets personnels : passeport, portefeuille, téléphone, ordinateur, appareil photo, ainsi que livres et stylos car il est également interdit d'écrire. Puis nous découvrons nos hébergements, les hommes d'un coté du centre, les femmes de l'autre. J'ai de la chance, les femmes ont la vue sur le lac et les Annapurnas :) Nous sommes entourés de la foret, un petit chemin de pierres ou parfois de ciment descend jusqu'aux habitations, deux bâtiments tres sobres abritent des chambres dortoirs, deux toilettes "à la turc" et deux douches en extérieur. Accolés aux murs extérieurs deux lavabos pour la toilette. Pas de miroir, pas de decoration, pas de confort. Nous découvrons la vie austère et rudimentaire des moines et des nonnes 😄 Je partagerai ma chambre avec Olga, une femme russe qui vient avec son mari anglais vivre l'experience Vipassana pour la seconde fois. Nous avons rdv ensuite dans la Dining room pour le seul repas du soir du séjour. Nous commençons à faire connaissance, à échanger sur nos attentes et nos appréhensions... Dans moins de deux heures, après le discours de presentation, nous devrons observer le "noble silence" : pas de contact verbal, visuel, ni tactile avec les autres élèves. Le discours de presentation est en népalais puis en anglais, mais l'accent est si fort que j'ai du mal à comprendre ! Et j'ai l'impression que ne suis pas la seule 😄Nous avons néanmoins à peu près le programme et les règles en tête, nous rejoignons nos chambres en silence, il fait deja nuit noire dans la jungle... A la lumière de ma lampe frontale, j'apercois une ENORME araignée plus grosse que mon poing sur le mur de notre chambre, aux pieds de mon lit 😱 Evidement je ne peux pas la tuer, je dois respecter les règles du Dhamma Vipassana ! Et je ne vois pas comment la faire sortir... il faudra s'en accommoder !! Je me glisse dans mon "sac à viande" en le remontant jusqu'au dessus de mon nez, et essaye de m'endormir sans trop y penser... A la fin du séjour Olga m'apprendra qu'elle avait baptisé l'araignée Saint Peter pour qu'elle nous protège, je trouve l'idée sympathique ! 2 octobre, 1er jour. Gong... gong... gong... gong... 4h du matin nous entendons le son de la cloche qui deviendra familier et qui rythmera nos vies pendant 10 jours. Je me reveille sans trainer car à 4h30 commence la premiere seance de meditation dans le Dhamma Hall. Femmes et hommes sont dans la même salle mais séparés par une ligne centrale. Nous découvrons des petits coussins numérotés, une place nous a été attribuée et nous devrons la conserver jusqu'à la fin. Je suis au premier rang. Nous devons nous concentrer sur notre respiration, uniquement observer notre respiration, ne pas la forcer, ne pas l'imaginer, "observer la réalité telle qu'elle est et non pas telle qu'on voudrait qu'elle soit." C'est la première étape : apprentissage de la meditation Anapana. J'inspire... j'expire... j'inspire... mais deja je m'échappe avec les premieres pensées ! Non non je dois me concentrer... j'inspire... j'expire... C'est une lutte en permanence pour rester concentrée sur la respiration ! Au bout d'un moment je commence à avoir mal aux dos, à ne plus sentir mes jambes croisées en tailleur. J'essaie de trouver une autre position. J'ai toujours les yeux fermés... Inspirer... Expirer... Pourquoi est-ce si dur de faire une activité aussi basique ?!! Au bout de deux heures qui paraissent une éternité, la cloche retentit. Gong... Gong.... Gong... il est 6h30 c'est l'heure du petit-déjeuner. Nous nous levons avec difficultés, nos jambes sont deja ankylosées, et rejoignons le Dining hall des femmes. Un plateau rond, un gobelet et un ramequin en inox nous ont été attribués pour la durée du séjour, nous les lavons à la fin de chaque repas. Nous sommes également placées, face au mur les unes à coté des autres. Je suis entre Nino, géorgienne et réalisatrice de films et Chloe qui, j'apprendrai à la fin du séjour, est sage femme en Suisse. J'ai la chance d'être près d'une fenêtre, je peux "m'échapper" en regardant le ciel. Nous allons nous servir auprès des assistantes, le petit-déjeuner est copieux, composé de riz, de porridge ou de soupe de pates, accompagné d'une soupe de legumes, d'un curry de pommes de terre ou de quelques biscuits secs. Et du thé. On n'entend que le bruit des cuillères qui raclent ou cognent les recipients en inox. Nous avons un break jusqu'à 8h. J'en profite pour me recoucher ! Gong... Gong... Gong... De 8h à 11h meditation dans le Dhamma Hall, la premiere heure avec notre Teacher, qui nous donne parfois quelques indications avant de méditer ensemble ou qui diffuse celles de M. Goenka. Suivent 2 autres heures de meditation. Inspirer... Expirer... observer l'air qui rentre, l'air qui sort du nez... et encore toutes sortes de pensées qui me traversent l'esprit ! Gong.... Gong.... Gong... Gong... A 11h la cloche nous interrompt pour le déjeuner, nous prenons la direction du Dinning Hall en silence et en file indienne, j'ai l'impression d'être un zombie ! Le 2e repas de la journée est également copieux, nous aurons tous les jours un Dal Bhat, plat traditionnel népalais à base de riz, d'une soupe de lentilles, de legumes, de pickles et de crudités. De nouveau nous avons un peu de temps et j'en profite pour dormir. Il n'y a pas grand chose à faire de toutes façons ! Le temps est nuageux et cache partiellement la vue. Gong... Gong... A 13h la cloche annonce que nous devons reprendre la meditation dans le Dhamma Hall pendant 4 heures. La prochaine pause n'est qu'à 17h pour le thé, accompagné de riz soufflé. Ce sera le dernier repas de la journée... A 18h, nous nous retrouvons pour 1 heure de meditation suivie des enseignements de M. Goenka diffusés en video pendant 1h30 puis nous finissons par 1/2 h de meditation. Je dois forcer ma concentration car j'ai encore du mal à comprendre l'anglais avec l'accent hindu. Il est 21h, je suis épuisée par cette premiere journée ! Le 2e jour nous suivons le même programme, réagissant déjà machinalement à chaque son de cloche. Gong... Gong.... Gong... Mais nous devons à present nous concentrer sur les sensations ressenties dans le nez, dans chaque narine, lorsque nous inspirons et que nous expirons. C'est la premiere fois que nous évoquons le mot "sensation", fondamental pour la méthode. Encore de longues heures à nous concentrer sur la toute petite zone du nez ! C'est treeeeees long !!! Et en même temps, n'ayant plus de montre depuis 3 mois, j'ai un peu perdu la notion du temps. Les douleurs musculaires s'accentuent, dans les jambes, le dos, les épaules... J'ai envie d'une tarte aux framboises ! J'imagine le goût dans ma bouche, la sensation de la framboise qui éclate et libère un jus parfumé sucré et légèrement acide, puis la pate sablée qui s'effrite sous la pression des dents, et enfin la creme pâtissière, douce et onctueuse sur la langue... Inspirer... Expirer... Observer... inspirer... Le 3e jour, nous devons observer toutes les sensations sur la zone triangulaire qui va du haut du nez aux coins de la bouche. Cela parait ennuyeux... Et pourtant M. Goenka dit que c'est un travail actif tres intense ! Sa voix raisonne dans ma tete "work haaardly, work sloooowly, conceeeentraly, preciiiisely...". Au bout de trois jours je me demande où il veut en venir, est ce ça la meditation ? Passer des heures à observer sa respiration et son nez ?! Au delà des longues seances de meditation, qui sont assez éprouvantes, je dois également m'adapter aux conditions de vie dans le centre. Les insectes partout dans les sanitaires, nid de guêpes, gros moustiques, sauterelles, araignées... j'ai toujours un peu d'apprehension en ouvrant la porte des toilettes ! Pas d'eau chaude dans les douches, heureusement il ne fait pas trop froid. C'est bien pour l'économie d'eau, on y passe moins de temps ! Ceci dit, on n'a pas trop envie de s'éterniser dans ces douches extérieures extrêmement vétustes, et elles aussi habitées par toutes sortes d'insectes ! En revanche, je n'ai pas de mal à respecter le "noble silence" meme si c'est un peu bizarre de ne pas pouvoir sourire et de devoir baisser le regard lorsqu'on croise quelqu'un. Et les repas paraissent si tristes, meme si la cuisine a toujours été variée et savoureuse. Je laisse mon esprit s'evader par la fenêtre, et je pense à ces hommes et ces femmes qui ont connu la prison. Je pense aussi au livre de stephane Zweig Le joueur d'échec, et aux manifestations que peut engendrer l'isolement : folie ou travail exacerbé de l'esprit... Apres chaque repas, je m'installe sur les marches d'escalier face au lac, la vue est apaisante. Parfois, les nuages derriere les collines qui entourent le lac se dissipent et laissent apparaitre la chaine des Annapurnas. C'est sublime ! De mon "spot", j'admire les montagnes en rêvant à ces randonneurs, ces hommes ou ces femmes qui se dépassent en gravissant les plus hauts sommets, ces hommes et ces femmes déterminés. Je dois rester déterminée moi aussi ! Le 4e jour, M. Goenka nous annonce qu'on va passer à la meditation Vipassana. Enfin du changement ! Je suis impatiente... ! A partir de maintenant, nous allons observer les sensations dans toutes les zones du corps. Le "terrain de jeu" me parait immense ! Il y a tellement de zones à explorer de la tete aux orteils, des épaules aux bouts des doigts... A present que nous savons ressentir les sensations sur une petite zone, nous pouvons faire l'exercice sur tout le corps. L'ennui passe, mais j'ai encore du mal à trouver le lien entre ces exercices et l'art de vivre qui nous rend plus apaisé... Patience. Je maintiens cependant ma concentration, et observe les sensations, qui d'un instant à l'autre, d'une partie du corps à l'autre, changent et ne sont jamais les mêmes : anicca (l'impermamence) "Tout change, rien n'est immuable, c'est la loi de la nature." Le 5e jour nous continuons d'approfondir notre perception des sensations. Je scanne méthodiquement mon corps, chaque cm2, afin de sentir la plus petite, la plus fine des sensations. En acceptant d'être interrompue par des pensées. Des souvenirs qui viennent et reviennent, on les repasse en boucle, des souvenirs qui peuvent venir de tres loin, qu'on avait oubliés, des projections pour le futur, des scenes que l'on invente et que l'on visualise, on modifie les dialogues d'une fois sur l'autre, on change de decors, d'acteurs... comme une réalisatrice de série tv ! La série de ma vie. Le teacher nous dit de ne pas rejeter les pensées mais au contraire de les accepter. En les accueillant, bizarrement elles prennent moins d'importance et nous laissent revenir à notre meditation. Pour aller plus loin, Goenka nous explique le mécanisme suivant : Nous avons d'abord conscience (viññaṇa) d'un element, ex : de la musique, un paysage, un aliment etc... Nous en avons ensuite une perception (saññā) ex : l'ouïe perçoit une musique douce, la vue observe les montagnes enneigées, le gout perçoit la saveur sucrée et juteuse de la poire etc... Puis, cela entraine une sensation (vedanā) dans le corps, ex : le visage se détend en entendant la musique douce, un frisson parcours le corps en voyant les montagnes enneigées, on salive en percevant la saveur de la poire etc... Enfin, selon si la sensation est agréable ou désagréable, nous aurons une réaction (saṅkhāra), ex : l'envie si la sensation était plaisante (pour retrouver encore et encore cette sensation) et l'envie peut générer de la deception et de la tristesse si la sensation agréable ne se répète pas... Autres reactions possibles : le rejet, la colère, la tristesse avec des degrés d'intensité différents, si la perception était désagréable. Notre travail à present est d'essayer de ne pas réagir aux sensations, ne pas réagir à la douleur par exemple. Se contenter de l'observer... et en expérimentant cette méthode sur notre propre corps, on s'aperçoit qu'accepter la douleur la rend moins puissante, et qu'en l'observant, elle change (c'est la loi de la nature), parfois meme elle disparait ! Le 6e jour, afin de nous faire vivre, par l'experience, ce que M Goenka vient de nous enseigner, on nous demande pendant 3 seances d'une heure par jour, de pas changer de position ni d'ouvrir les yeux. C'est la méditation adhitthāna (strong determination). C'est une torture mais avec beaucoup de concentration j'arrive à tenir la premiere séance, je souris toute seule, je suis super fière d'avoir réussi 😊 J'ai trouvé une position qui ne me fais pas trop souffrir et j'observe la douleur pour mieux l'accepter. 6e jour... Nous avons fait deja plus de la moitié du parcours, et j'ai toujours du mal à comprendre le lien entre les exercices de meditation et l'objectif. Je m'habitue aux discours en anglais de M Goenka mais j'ai parfois l'impression de ne pas tout comprendre à 100% certains mots sont du registre spirituel ou corporel et je ne les connais pas tous en anglais ! Le 7e jour, je commence à douter... Je suis fatiguée par le rythme, les réveils à 4h du matin, le sentiment de solitude, les séances de l'après-midi sont éprouvantes avec la chaleur, on suffoque, le soir on se fait attaquer par les moustiques... j'ai beaucoup de mal à me concentrer. Je ressens une tristesse sans pouvoir l'expliquer. Le lendemain matin, au 8e jour, je demande audience au Teacher qui me rassure, cela fait partie de l'apprentissage, patience... determination... il faut tenir ! Il ne reste plus que 2 jours. Le 9e jour, M. Goenka nous demande d'étendre la pratique au delà des séances de meditation. Observer les sensations lors des repas, depuis la prise en mains des aliments jusqu'à la sensation dans la bouche, dans le nez... je repense à ma tarte aux framboises :) Le travail fait ces derniers jours sur l'observation de plus en plus fine des sensations nous rend plus sensible, je ressens plus intensément les saveurs des plats, l'amertume de certains légumes qui se lie si bien avec la saveur plus douce des autres aliments, l'odeur des fleurs lorsque je passe sous l'arbre "Queen of the night" en allant vers les dortoirs, la vue d'un lever de soleil sur les Annapurnas embrumés, le bruit d'un lézard qui se faufile dans les herbes... Par ailleurs, les discours de M. Goenka sont chaque jour tres appropriés. Il a pratiqué la méthode et l'enseigne depuis des années, il sait ce que nous traversons. Chaque soir j'ai l impression de trouver une réponse à mes questions, de passer une étape qui me fait avancer, un indice qui me fait mieux comprendre le lien entre la pratique et l'art de vivre. “Nobody causes suffering for you. You cause the suffering for yourself by generating tensions in the mind. If you know how not to do that, it becomes easy to remain peaceful and happy in every situation.” 10e jour, dernière étape de notre retraite. Nous avons appris à observer les sensations du corps jusqu’à la remontée des sankaras, nos réactions enfouies dans l’inconscient, nous avons appris à nous libérer des tensions en étant maitre de nos pensées et de ces reactions. Avant de reprendre le cours de nos activités, nous concluons par des souhaits qui permettent de jeter un pont entre la méditation et la vie quotidienne, c'est le Mettā-bhāvanā "love and compassion for all people". Apres la séance de meditation matinale nous pouvons rompre le "noble silence", les langues se délient, les sourires illuminent les visages désormais apaisés, nous échangeons sur nos premieres impressions avant de reprendre le cours de nos vies. Je me rends compte que nous avons traversé les même doutes et satisfactions, de facon différente, personnelle. C'est d'ailleurs la raison du noble silence : ne pas regarder ce que fait l'autre pour ne pas être déstabilisé mais vivre la meditation de façon tres personnelle. Cette expérience vécue pendant dix jours était tres intense, difficile, riche en enseignements, c'est aussi une rencontre avec soi-même. Je me sens proche de ces femmes auprès de qui j'ai vécu en silence cette retraite, il nous faudra à toutes un petit temps d'adaptation avant le retour à la ville et à la vie... :) “Whatever necessities you require, work to get them. If you fail to get something, then smile and try again in a different way. If you succeed, then enjoy what you get, but without attachment.” M. Goenka

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