LE MEKONG EST UN LONG FLEUVE (PAS SI) TRANQUILLE
- miss kimvan
- 6 nov. 2017
- 6 min de lecture

Derniers jours du voyage... dernière destination... Le sud du Vietnam clôturera ces 4 mois de découverte. Lan notre cousine vietnamienne a déjà tout prévu pour notre séjour : excursion à My Tho et Ban Tre dans le delta du Mekong, puis nous nous échapperons deux jours pour visiter Can Tho et ses marchés flottants, Sa Dec la ville de Marguerite Duras, et Nha Mang d'où est originaire ma famille. Il nous restera deux jours avant le retour en France, nous en profiterons pour re-visiter Ho Chi Minh et faire quelques emplettes !
Notre estomac n'est pas bien réveillé mais nous n'échapperons pas à la soupe Pho pour le petit dej :) A Saigon, on l'accompagne de soja, d'herbes fraiches, de citron et de piment, contrairement au Nord où le Pho est parfois servi avec des beignets. Le must c'est de commander le boeuf cru, afin qu'il cuise uniquement avec le bouillon fumant parfumé. Je me souviens de mon grand-père qui demandait toujours le bouillon à part et l'ajoutait au dernier moment sur les pâtes de riz et la garniture. Dans la cuisine vietnamienne, le Pho a une place d’honneur et la dégustation est un cérémonial ! Rassasiés par ce plat réconfortant (le Pho est un peu ma madeleine de Proust !) nous rejoignons notre groupe pour visiter les îles du Dragon, de la Licorne, de la Tortue et du Phénix. Des noms évocateurs qui donnent envie d'en savoir plus, mais je n'ai pas trouvé à posteriori de légende liée à ces iles... Dommage ! L'appellation de l’île du Phénix est néanmoins tirée d'une anecdote. Au début du XXè siècle, lors de la construction de la pagode Nam Quoc Phat, les ouvriers auraient ramassé une tasse antique décorée d’un Phénix, baptisant ainsi leur ile. Notre guide propose de partir à la découverte de la culture, de la tradition et de la vie populaire des habitants de Ben Tre. Nous évoluons en bateau à moteur dans un décor de végétation luxuriante : ici la terre est fertile grâce aux alluvions. Quelques arrêts nous permettent de visiter des fabriques artisanales (galettes, bonbons et articles à base de noix de coco), de déguster du thé au miel ou des fruits tropicaux, d’écouter des chants folkloriques. Sans oublier l'activité favorite des touristes et des vietnamiens : faire du shopping sur tous les stands de produits régionaux ! Le parcours prévoit également une balade en pirogue, guidée par une vietnamienne qui manie sa rame avec énergie et nous fait évoluer sur les eaux boueuses des canaux. Un dernier stop pour goûter au jus de canne à sucre après un tour en calèche et nous retrouvons le Mekong. Le fleuve est un veritable lieu de vie, ses berges sont parsemées de petites maisons de bois, de bric et de broc... Ici, une femme lave son linge, là c'est de la vaisselle... Un enfant se baigne devant une maison à pilotis. On se demande comment tout cela tient debout ! Sur le fleuve se croisent des embarcations de toutes tailles, des yeux peints en rouge et blanc sur la coque fixent l'eau et protègent les bateaux. Pour nous, il est temps de rentrer à Saigon.









Le lendemain, nous repartons pour le delta du Mekong et atteignons Can Tho en fin de journée sous un ciel terne et bas. Nous sommes hébergés à l'International Hotel, doté de belles chambres spacieuses et dans la notre, une baignoire en angle que Sacha a immédiatement adoptée (ça le change de nos auberges de jeunesse) ! Puis nous embarquons à bord d'un restaurant flottant pour un diner dégustation de poissons et de fruits de mer. Je découvre encore de nouveaux plats savoureux (dont je n'ai malheureusement pas noté le nom), la cuisine vietnamienne est d'une variété étonnante ! Le lendemain, nous nous donnons rdv à l'aube pour visiter le fameux marché flottant à l'heure où il est le plus animé. Une traversée d'1/2 heure environ est nécessaire pour atteindre le marché de Can Rang, parait-il le plus beau du Vietnam. Tout le commerce a lieu sur l’eau, à bord d’embarcations de tailles variées. Dès l’aube, les marchands lèvent l’ancre pour s’approcher des bateaux de grossistes où ils viennent s’approvisionner. Certains revendent ensuite la marchandise directement à des particuliers ou encore à des détaillants qui revendent à leur tour les denrées sur les marchés des villages avoisinants. À l’heure de pointe, ce sont des centaines de barques qui s’entrecroisent dans un va-et-vient incessant où s’échangent bananes, pastèques, ananas, choux… Aujourd'hui, les bateaux sont moins nombreux à cause de la pluie, mais nous pouvons quand même observer les embarcations pittoresques aller et venir sur l'eau sombre. On crie, on s'interpelle, on mange, on dort, on joue, on cuisine, on se lave sur et dans le fleuve. Le Mekong n'est pas si tranquille !










Nous poursuivons notre excursion vers Sa Dec pour un arrêt chez une autre cousine de mon père, que je rencontre pour la première fois.
Nous nous déchaussons avant d'entrer, comme dans les pagodes, le sol est frais sous nos pieds. Ne saisissant pas un mot des conversations, j'en profite pour observer. La maison ressemble à celles de Lan et Hung : de façade étroite, toute la surface s'étend sur la longueur. Dans le salon trône l'hôtel des ancêtres orné de photos des parents ou grands-parents disparus, de fruits ou gâteaux déposés en offrandes et de bâtons d'encens allumés chaque matin. C'est également dans le salon qu'on y gare les scooters, en face du canapé et à coté d'un hamac ! Dans le prolongement du salon vient la cuisine puis les salles d'eau et enfin les chambres dans le fond. Nous partageons quelques fruits et du chocolat (j'ai l'impression qu'on grignote à longueur de temps au Vietnam !) puis après une petite séance photos souvenir, nous repartons vers la maison de "l'Amant" de Marguerite Duras.
L'écrivain raconte, dans un roman autobiographique, l'histoire d'amour d'une adolescente et de Monsieur Le, fils d'un riche homme d'affaires d'origine chinoise. Prix Gongourt en 1984, l'Amant a été adapté au cinéma par Jean-Jacques Annaud en 1992. Huynh Thuy Le a réellement existé et sa maison de famille est ouverte au public depuis 2009, avec une visite guidée proposée notamment en français. Derrière un portail vétuste on découvre la vieille maison au style occidental, témoignant de l’influence de la colonisation française. La villa a été construite en 1895 par le père de l’amant lui-même. Il ne reste qu'un tiers des 700m2 de la surface d'origine. Une grande partie du jardin a été transformée pour accueillir des habitations. À l’intérieur la pièce principale est sombre mais on y ressent la richesse d'antan, elle est ornée de boiseries et d'un autel des ancêtres. Le carrelage vient de France. Une immense table basse trône entre les deux chambres, dans lesquelles les fans du roman peuvent même y séjourner une nuit ! Sur les murs jaunis sont affichées des photos de Marguerite Duras et des acteurs du film Jane March et Tony Leung Ka Fai. En face, des photos de famille de l'amant Huynh Thuy Le (moins beau que l'acteur du film mais très élégant, précise la guide !) sa femme vietnamienne et leurs enfants.
Marguerite Duras a vécu au Vietnam jusqu'à ses 18 ans, c'est peut être pour cela qu'elle décrit si bien les odeurs et la chaleur qui pendant les moussons étourdit encore les voyageurs. Elle nous ferait presque éprouver la nostalgie de cette Indochine que nous n'avons pas connue...
Maison de l'Amant : 255A, Rue Nguyen Hue, Sa Dec.





En continuant dans le centre de Sa Dec, nous arrivons devant la pagode Kien An Cung, ancienne maison du mandarin Quach et lieu de culte de la communauté chinoise. Construite au milieu des années 1920, ce temple dédié à Confucius est un havre de paix qui vaut vraiment le détour pour son architecture travaillée, ses décors et ses couleurs ! A l'entrée, chacune des portes est flanquée d’un génie, gardien de la pagode. Un guide annonce à son groupe de touristes que les murs ornés de fresques délicates et les colonnes sculptées d'une multitude de personnages racontent des légendes chinoises. En avançant vers le centre, je découvre une cour à ciel ouvert qui ressemble à un puit céleste. Les enfants m'interpellent en voyant d'innombrables tortillons d'encens suspendus au plafond... En s'approchant on peut remarquer des petits messages accrochés au centre de chaque tortillon : ce sont des voeux destinés aux divinités.









Dernière destination : Nha Mang, où nous mettons de l'encens et des offrandes sur les tombeaux familiaux, avant de rentrer à Saigon. C'est la fin de ce joli périple dans le delta du Mekong :)
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