EXPERIENCE INOUBLIABLE AU COEUR DE LA SAVANE !
- miss kimvan
- 21 janv. 2018
- 9 min de lecture

Mardi 2 janvier. Après un court séjour à Cap Town, direction le parc Kruger pour une semaine au milieu de la savane africaine ! C’est par un petit avion d’une cinquantaine de places que j’arrive à l’aéroport d’Hoedspruit. Nous débarquons sur le tarmac et traversons une haie d’honneur formée de tous les représentants des lodges venus chercher leurs passagers. L’unique salle d’attente aux murs ocres ornés d’une frise d’animaux sauvages, aménagée de quelques vieux canapés en cuir, de deux grands fauteuils en peau de léopard ou de zèbre et de photos de félins encadrées, donne le ton de ce petit aéroport de brousse. On y trouve étonnamment une boutique qui fait office de « duty free », petite caverne d Ali Baba version sud africaine, dont la jolie vendeuse perchée sur ses hauts talons se fait remarquer au milieu des tenues de Rangers !

Je retrouve mes amis Emmanuel et Angela qui voyagent sur le vol suivant, puis nous prenons la route pour la réserve privée de Ntsiri, au centre ouest du parc public de Kruger, où nous serons accueillis chez Jean-Philippe, ami d’Emmanuel. La villa est incroyable, située en pleine nature, avec sa grande terrasse ouverte au dessus d’une rivière asséchée. A l’étage, la chambre « de princesses » avec ses lits à moustiquaires et une deco africaine soignée (Angela et moi sommes totalement sous le charme !) a une superbe vue sur la savane. Pas de réseau ici, le lieu nous invite à une déconnexion totale, les communications avec les autres propriétaires se font via talkie-walkie pour annoncer qu’un léopard, un troupeau d’éléphants ou une horde de lycaons ont été repérés. Ici ne vivent que quelques privilégiés amoureux de la nature et des animaux, une cinquantaine de villas réparties sur un territoire de 2500 hectares (ou 25km2). Depuis les années 1980 il n y a plus de clôture entre les réserves privées et le parc national de Kruger, les animaux peuvent se déplacer librement sur tout le territoire (2 millions d'hectares ou 20 000 km2 soit environ la superficie du Pays de Galles). Les réserves privées y trouvent aussi des avantages, elles peuvent profiter de la présence d’animaux qui ne vivaient pas dans leur réserve auparavant, et elles n’ont plus besoin de contrôler le nombre d’individus par espèce (et de vendre des bêtes lorsque la proportion était trop importante par rapport à la surface). Il existe toujours un grand marché annuel pour acheter ou vendre des animaux dans d’autres réserves du monde. Cela permet notamment de réintroduire une espèce disparue dans une région. (Il parait que les éléphants d’Afrique proviennent tous d’Afrique du Sud).
A notre installation, Jean-Philippe nous apprends quelques règles de base : ne pas marcher pieds nus et porter des chaussures fermées le soir, être vigilant lorsqu’on est seul sur la terrasse, surtout la nuit, ne pas y rester sans lumière. C’est normal... nous sommes au milieu de la brousse sur le terrain des animaux sauvages, à nous de nous adapter. Nous devons intégrer certains réflexes pour ne pas prendre de risques (l’hôpital le plus proche est à 120 km!) mais aussi pour repérer les animaux lors de nos « drives ». C’est étonnant de voir à quel point on s’adapte rapidement à un environnement inconnu. Nos sens sont en alerte afin de repérer une bête : le regard qui balaye la savane arborée ou qui scrute le sol à la recherche d’empreintes, l’odeur d’une charogne ou d’une bouse, le bruit d’un troupeau d’éléphants qui s’approche en cassant des branches ou le soufflement d’alerte des impalas... Nous apprenons à repérer un prédateur et sa proie grâce aux vautours qui attendent patiemment perchés sur un arbre mort ou qui tournent dans le ciel (image lugubre des vautours de Lucky Luke !) ou encore grâce aux hyènes qui se rendent immédiatement sur les lieux d’un « kill » pour y voler la proie.




Nous passons le début du séjour en compagnie de Jacques-Emmanuel et Gérald, deux autres amis de Jean-Philippe, qui ont déjà séjourné à Ntsiri. Nos journées sont rythmées par les « drives », des sorties dans le 4x4 Toyota ouvert, qui offre une meilleure vision pour repérer les animaux sauvages. Le matin aux aurores, l’excitation efface la fatigue ! La lumière est douce, les animaux s’activent dans la fraîcheur, on ressent une certaine allégresse au lever du soleil. Le jour fait place à l’inquiétude de la nuit. Au retour, nous savourons toujours un délicieux et copieux petit déjeuner, et profitons de quelques heures de repos avant de repartir en drive en fin d’après-midi. La lumière est plus chaude, elle envahie le paysage de ses reflets dorés et met en valeur le moindre pelage ou plumage rencontré. Les coucher de soleil sont sublimes... La terre mate qui passe d’un beige sable à l’ocre le plus intense contraste avec le vert des arbres et des buissons, puis de nouveau les couleurs chaudes du ciel orangé, rouge, rose, violet jusqu’au bleu sombre qui enveloppe rapidement la savane. C’est à ce moment là, entre chien et loup (entre lycaon et lion !) que nous nous arrêtons pour une petite pause apéro au milieu de la brousse, profitant à chaque fois d’un point de vue plus étonnant que le précédent ! Pendant que nous dégustons quelques toast de pancetta accompagnés d’un gin tonic, la nuit enveloppe la brousse et laisse apparaître des milliers d’étoiles. Nous reprenons la piste à la recherche des animaux. Ici, nous pouvons sortir sans restriction (contrairement au parc public qui interdit les drives après 18h30). Quelle chance incroyable !! Les sorties de nuit sont encore plus impressionnantes, nous balayons le paysage à l’aide de lampes torches afin de repérer les yeux qui brillent dans l’obscurité. Nous éteignons le moteur et tendons l’oreille pour écouter les bêtes qui s’approchent. Parfois, une luciole apparaît, instant de poésie avant qu’elle ne disparaisse et nous replonge dans la tension de la nuit. On se sent vulnérable dans le noir, comme les impalas, ces jolies antilopes que l’on observe régulièrement en troupeau. Les mâles portent deux belles cornes pouvant mesurer une cinquantaine de cm. Mais cela n’empêche pas qu’ils restent la proie privilégiée des prédateurs. Nous n’avons pas vu de « kill » en live mais avons observé à plusieurs reprises une carcasse d’impala déposée dans un arbre par un léopard. Quel magnifique prédateur ! Bien que le léopard soit l’un des « big five » le plus difficile à repérer, nous en avons vu 6 pendant notre séjour... Exceptionnel ! Mais le plus dingue, c’est d’en avoir surpris un qui se désaltérait au petit point d’eau devant la porte de la maison alors qu’on arrivait d’un drive de nuit !!






Parmi les big five figurent également les lions, les éléphants, le rhinocéros et les buffles. Les éléphants sont impressionnants ! Malgré leur silhouette lourde et leur allure nonchalante, il peuvent être très rapides lorsqu’ils décident de charger ! Là encore il faut rester vigilant avant de s’approcher en 4x4 : vérifier si des éléphants sont situés des deux côtés de la piste (pour ne pas se retrouver pris en sandwich!), bien observer leurs comportements, surtout lorsqu’il s’agit d’une femelle accompagnée de ses petits. Si les éléphants continuent de brouter après nous avoir vus, tout va bien... S’ils s’arrêtent de manger, nous regardent fixement et écartent leurs oreilles, il faut vite démarrer avant d’entendre le barrissement qui annonce la charge, nous avons du faire une marche arrière à toute vitesse sur 100m le jour de notre 2ème drive... grosse frayeur mais belle maîtrise de Jean-Philippe !! Les éléphants ont une force incroyable, ils détruisent tout sur leur passage, on a parfois l’impression qu’une tornade est passée sur la savane, des arbres de plusieurs mètres de haut sont déracinés, des branches énormes cassées, des troncs écorcés... Malgré tout, les voir reste un magnifique spectacle. Lors d’une escapade de deux jours à Satara camp au centre du parc national kruger, nous avons observé plus de 150 éléphants autour d’un point d’eau ! La température dépassait les 40 degrés, les troupeaux de pachydermes assoiffées arrivaient de tous les horizons pour se baigner et se désaltérer. Nous avons profité de ce moment exceptionnel à les voir jouer dans l’eau, s’éclabousser avec leur trompe, s’immerger totalement dans le lac et se disperser à nouveau à travers les arbres.


C’est également dans le parc Kruger que nous avons vu notre premier lion, tranquillement allongé à l’ombre d’un arbre. Les lions ont l’habitude des véhicules, ils peuvent s’en approcher pour jouer... et casser un rétroviseur ! Mais ils n’attaquent (à priori) jamais les hommes. Le lendemain matin, une odeur nauséabonde de viande avariée et des dizaines de vautours perchés sur 3 arbres aux alentours nous ont menés à notre deuxième lion. La troupe avait attrapé un buffle 48h avant notre passage (ce qui explique l’odeur... par 40 degrés !). Le fauve que nous observons ce matin lève soudainement la tête, il nous a repérés et nous fixe, se dresse puis s’approche... allez hop, nous on file !!

A Nstiri, nous rencontrons deux beaux spécimens de rhinocéros blancs, une femelle et son petit, qui mangent paisiblement dans les buissons à moins de 3m du 4x4. L'espèce est encore extremement menacée, le braconnage fréquent en Afrique du Sud a également atteint l'Europe : un jeune mâle du zoo de Thoiry, en France, a été abbattu de 3 balles en mars dernier et sa corne sciée à la tronçonneuse... Il parait qu’une corne peut se revendre jusqu'à 100 000 euros au marché noir en Asie, elles sont réduites en poudre puis consommées pour leurs pseudo vertus médicinales ou aphrodisiaques. Pour tenter de faire face au fléau, le parc Kruger à vendu à l’Asie des rhinocéros destinés à l’élevage. (La corne repousse au bout de 2/3 ans lorsqu’elle a été coupée.) Malheureusement les braconniers du Mozambique rôdent toujours...

Les buffles quand à eux se sont laissés désirés (pourtant c’est l’animal des « big five » le plus facile à voir, étant beaucoup plus nombreux que les léopards). Nous avons du attendre le dernier drive, le jour de notre départ, pour rencontrer un petit troupeau ! Très différents des buffles que j’ai vus en Asie, les buffles d’Afrique ont des cornes qui ressemblent à une chevelure brushée avec la raie au milieu, ca leur donne un air un peu ridicule, non ?... 😄


Heureusement, notre aventure ne s’arrête pas à la « chasse » aux 5 animaux les plus prisés... Nous avons croisé des girafes, des troupeaux de zèbres, des gnous, des familles de babouins, des phacochères peureux qui fuyaient la queue en l’air dès qu’on s’approchait, des tortues, des écureuils, des mangoustes, des hyènes, des aigles, des cilaos terrestre, des outardes, un oiseau (dont je ne me souviens plus du nom !) qui pour sa parade nuptiale s'envole puis qui se laisse subitement tomber pour impressionner sa belle, des merles métalliques, des rolliers à long brins (très bel oiseau au plumage multicolore), des cigognes et des hirondelles en migration, des buses, un jabiru d’Afrique, des pintades à la tete bleue, des ombrettes, des bousiers (sorte de scarabée qui fait rouler sur la piste des boules de bouse qu’il a confectionnées...!), des scorpions treeees dangereux, des solifuges (araignée jaune qui, bien qu’elle soit particulièrement effrayante, est inoffensive), des gekkos, des grenouilles, des steenboks (aussi gracieuses mais plus petites que les impalas, ces antilopes vivent généralement en solitaire ou en couple), des koudous (grande antilope à la robe grise rayée de blanc, les mâles portent de longues cornes en spirale. Nous avons aperçu un beau mâle, en haut d’une piste face à nous sur une colline, le coucher de soleil derrière lui... On aurait dit l’apparition du père de Bambi !!), des waterbucks ou cobe à croissant (également de la famille des antilopes et aussi grand que le koudou mais avec des cornes en forme de lyre), des hippopotames dont on n’a vu que le dos et les narines, et qui partageaient leur point d’eau avec les crocodiles (même pas peur !), un chacal qui rôdait autour du lion pour lui chopper sa proie, le petit malin 😉, un guépard (magnifique femelle accompagnée de ses 5 petits, 5 petites boules de poils que l’on avait envie de prendre dans nos bras !), et des lycaons ou « wild dogs » comme on les appelle ici. Il resterait moins de 500 individus dans le parc national Kruger, nous avons eu l’opportunité de voir une meute à plusieurs reprises. Pour en savoir plus sur ces lycaons, voici le lien vers l’article de Garance de Rhino Africa.














Chaque journée est un émerveillement, grâce à Jean-Philippe qui nous mène sur toutes les pistes pour que nous puissions voir le maximum d’animaux. Nous avons fait les réserves de Nstiri et de Timbavati et le parc national de Kruger d’Orpen à Satara camp (sur la route, Olifant camp offre un point de vue magnifique pour boire un petit café!). Pouvoir observer les animaux sauvages dans leur environnement naturel est un vrai privilège, parfois on recherche une bête pendant plusieurs jours, sans avoir la certitude de la croiser. Cela fait partie du « jeu ». Pour une fois l’homme ne maîtrise pas tout et ça fait du bien ! En voyant les prédateurs, les autres mammifères, les reptiles et les oiseaux évoluer sur de grands territoires, on réalise à quel point cela doit être difficile de se retrouver emprisonnés dans quelques m2 dans un zoo ou pire dans un cirque... A l’image de ces quelques jours passés dans la brousse, l’homme peut vivre en harmonie avec l’animal, en respectant son environnement. On observe les animaux en se tenant à distance afin de ne pas les déranger. Si l’animal vient à nous, c’est du fait son propre choix. On n’intervient pas pour sauver une bête ou la nourrir, afin de préserver l’écosystème, sauf si on remarque que l'animal a la rage par exemple, dans ce cas la réserve demande l’autorisation du parc national de Kruger de tuer la bête afin que la maladie ne se propage pas. Par ailleurs, à Ntsiri, chaque maison produit sa propre énergie à partir de panneaux solaires. On limite les appareils électroménagers très consommateurs d’énergie (aspirateur, lave vaisselle, lave linge) et on privilégie les produits à basse consommation (certaines marques de frigo en proposent, idem pour les ampoules). On fait chauffer l’eau chaude au gaz, on utilise une cafetière à l’italienne au lieu des Nespresso. On limite le temps passé sous la douche... tous ces petits gestes du quotidien ont leur importance ici, mais aussi à Paris ou dans n’importe quel autre milieu... Que 2018 nous rendent tous un peu plus consciencieux pour respecter la vie et notre environnement :)
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