ALA KUL, SUBLIMES PAYSAGES... MAIS CA SE MÉRITE !
- miss kimvan
- 8 août 2019
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 oct. 2019

Il faut environ 7 heures de trajet en marshrutka pour joindre Bishlek à Karakol, en contournant l'immense lac Issy Kul par le nord. La durée du transport fait partie du voyage, lorsqu'on prend le temps d'observer, de vivre pleinement l'instant. Au départ de Bishkek, une jeune mère confie sa fille au chauffeur. La petite a le visage rond des enfants Kirghizes mais déjà l'air sérieux. Deux grandes tresses noires lui tombent dans le dos, elle a une tenue simple mais apprêtée, un petit sac à dos sur les genoux. Elle attend sagement pendant que sa mère s'agite, un peu inquiète. Un baiser furtif et c'est le depart. Tout le long du voyage, calée sur le siège à coté du chauffeur, elle est restée silencieuse, posée, pas un geste, pas une question. Une mère monte un peu plus tard, avec 3 enfants dont un au sein. Il n'y a pas assez de place, les 2 petits restent debout... ça va durer des heures ! Je suis étonnée de la sagesse des enfants Kirghizes. Cette petite fille qui a commencé le voyage debout et que j'ai prise sur mes genoux est restée tranquille elle aussi, disciplinée, pas tant par timidité que par retenue. D'autres personnes montent, les jeunes laissent leur place aux adultes, naturellement. Le paysage défile, route droite, terres arides ou campagne verdoyante, jusqu'à ce qu'on aperçoive les rives du lac Issy Kul, long de 182 km et d’une largeur de 60 km. Les rives du nord sont peu aménagées. Niché à 1600m d'altitude, c'est le plus grand lac de montagne après le Titicaca qui borde le Pérou et la Bolivie. La légère salinité de ses eaux l’empêche de geler, malgré le froid qui frappe la région en hiver. L'été, les eaux chaudes du lac en font un lieu très agréable parsemé de stations balnéaires sur la rive sud. Le contraste entre les eaux bleues du lac et les montagnes aux sommets enneigés en toile de fond est magnifique ! Il fait très chaud. On s'arrête pour un repas frugal sur le bord de la route, feuilletés à la saucisse ou au fromage, autres préparations à base de lait caillé, tout le monde se presse pour faire le plein et se rassasier en recherchant un peu d'ombre. Et c'est reparti !
Arrivée à Karakol, je choisis mon hébergement à l'Alma Hostel, à deux pas du centre mais au calme et proche des stations de marshrutkas. Super adresse ! Almaz le propriétaire n'est pas avide de conseils, il m'a également accompagnée à la pharmacie (plus facile pour trouver un medicament lorsqu'on parle kirghiz !), faire quelques courses d'approvisionnement, et conseillé un restaurant pour goûter à l'ashlianfu, une soupe de nouille traditionnelle dont le bouillon est froid. Un régal. L'Alma hostel dispose d'un restaurant et d'une terrasse extérieure sympa, j'y ai donné rendez-vous à Aline et Thomas mes 2 co-voyageurs pour le trek d'Ala Kul, organisé par Aïgul.
TREK ALA KUL - KARAKOL
Jour 1 : Karakol - Sirota Camp - 12km Départ au petit matin. Nous faisons connaissance avec nos accompagnateurs kirghizes. Il faut environ 45 minutes de voiture pour se rendre au début du trek. Pour ceux qui partent en autonomie, il faut bien demander au taxi de vous poser à la barrière, au deuxième pont (pour gagner 1h de marche sur une route sans grand intérêt). Je n'ai pas l'habitude de faire de la rando avec un sac à dos de 6/7 kg... peut-être plus ? (tenue légère pour les journées ensoleillées, mais aussi le nécessaire en cas de pluie ou pour les nuits fraîches en tente car il fait moins de 10°C) mais nous commençons sur du plat, c'est parfait pour "faire chauffer le diesel" ! Apres quelques km, les porteurs qui nous ont devancés ont préparé le pique-nique au milieu d'une vallée : saucisson kirghiz, sardines, pains traditionnels, fruits secs, gâteaux, bonbons... super casse croûte, nous reprenons des forces ! Et il y a même du café :) Au milieu de la vallée on aperçoit les premiers troupeaux de chevaux. Puis nous montons à travers la forêt, ça se corse un peu (mais rien à coté de ce qui nous attend!) et finissons la journée au Sirota Camp.
La premiere nuit ne me laissera pas de souvenir impérissable. Le camp est sale, je suis surprise par les ordures laissées par les randonneurs à priori amoureux de nature et de montagne... Et surtout, j'ai la nausée. Est ce l'eau du robinet bue ce matin ou les symptômes du mal d'altitude ? Je n'avais pas souffert sur les plateaux de Bolivie, mais apparemment ça ne veut rien dire. Pas de repas pour moi ce soir, j'enfile mon bonnet, me glisse dans mon duvet... Extinction des feux.


Jour 2 : Sirota Camp, col d'Ala Kul, gorge de Keldike - 10km
La journée du lendemain est rude, ça grimpe dur et on a l'impression qu'on arrivera jamais à bout ! On sue à la première montée qui longe la rivière. Le sac pèse sur le dos, l'altitude pèse sur la respiration, on monte à 3900m, il faut se concentrer, un pas après l'autre, doucement, être vigilant sur les passages dans les rochers, avancer.... Les derniers 100m sont un calvaire ! On s’arrête souvent, pour respirer, boire, grignoter un fruit sec, et admirer la vue époustouflante sur la vallée, la rivière, les cascades provenant de neiges éternelles... Et enfin, le Graal !!! Ala Kul apparaît, avec sa vaste étendue d'eau turquoise au milieu des roches noires... sublime ! C'est un super spot pour le pique nique. Mais avant, je relève le défi de notre guide et plonge dans l'eau glacée, je ne reste que 10 secondes car mes extrémités s'engourdissent déjà !! Apres, je me sens toute légère :)
Certains campent aux abords du lac, pour nous, il est temps de reprendre le sentier qui longe Ala Kul, entamer une dernière montée, traverser un col avec une descente si abrupte qu'il est impossible de marcher sans déraper (certains finissent sur le derrière!), et en fin d'après midi, arriver en douceur dans la gorge de Keldike aux abords d'un petit ruisseau pour planter nos tentes. Nous partageons le repas avec les Kirghizes, un festin préparé au réchaud dans leur tente. Nous discutons des joueurs de foot français, de Jean Reno ou entonnons les comptines françaises et kirghizes, au milieu de nulle part, enveloppés par le ciel étoilé, avant de sombrer dans les bras de Morphée (enroulée dans ma couverture de survie quand même !). Le matin, magie du moment, nous sommes réveillés par un troupeau de chevaux sauvages...



Jour 3 : Gorge de Keldike, sources d'eau chaudes Altyn Arashan - 10km
Le 3ème jour est agréable, nous descendons en traversant la vallée, les forêts, les ruisseaux, vers Altyn Arashan. Nous arrivons en debut d'après-midi dans le camp, et plantons nos tentes près de la guest house Elza, dans laquelle nous prendrons nos repas. Avant de tester les sources d'eau chaude (un petit bassin aménagé dans une cabane), je profite du temps libre pour faire quelques photos. La lumière est belle. J'aborde les enfants avec mes 3 mots appris en kirghize, cela les amuse toujours. Ils passent leurs vacances d'été dans le camp, à aider leurs parents pour accueillir les touristes, s'occuper des chevaux ou des vaches, ou tout simplement jouer en pleine nature. Pas d'écran video ici ! Une femme m'interpelle et me propose de l'aider à traire sa vache. Je m'execute. Sourires. Après le repas avec nos Kirghizes, nous entamons une partie de jeu de dames. Cela fait 20 ans au moins que n'ai pas joué ! Mais, je dois bénéficier de la chance du débutant ce soir et bat mon adversaire, Aziz notre guide. Il me propose d'affronter le cuisinier. Le jeu se corse ! Thomas, le français qui voyage avec nous, me conseille. On domine l'adversaire ! La pression monde ! Tous les autres kirghizes de la salle rejoignent la table, on est 2 contre 10 et chacun y va de son commentaire pour aider son compatriote. Youhou !!! Victoire des français dans les rires et les applaudissements !



Jour 4 : retour à Karakol via Aaksu- 15km
Dernier jour, fin d'une incroyable aventure, un retour en pente douce vers Aaksu, où notre van nous attend pour rentrer sur Karakol. La 2ème journée était vraiment difficile, j'avoue ne jamais avoir autant galéré sur une rando ! En revanche, les 2 dernières journées sont vraiment tranquilles, on aurait pu organiser le trek différemment pour éviter la nuit à Sirota Camp et répartir les efforts. Même si c’était sympa d'avoir du temps pour se reposer et partager quelques moments avec les locaux.
Bilan : Ala Kul est l'un des treks incontournables lorsque vous préparez un voyage au Kirghizistan. Il est possible de le faire sans guide car on rencontre d'autres randonneurs sur le chemin. Mais il faut bien s'équiper (matériel de camping et nourriture), être prudent et bien anticiper les conditions météo, car elles sont très changeantes (alors que j'ai bénéficié d'un beau soleil d'été, 10 jours après mon passage, il a neigé 70cm sur les hauteurs, rendant impraticables certains accès !). Perso, j'avoue avoir été rassurée en partant accompagnée, et je ne suis pas déçue de mon choix !



KARAKOL
Retour à l'Alma hostel où je retrouve le plaisir d'une bonne douche chaude et le confort de "vraies" toilettes !!! Je decide de passer la nuit à l'hostel, pour me reposer, faire une lessive et visiter un peu la ville, avant de reprendre la route vers le grand lac Issy Kul, pour la suite de mon périple.
Petit déjeuner au Karakol coffee, qui accueille des touristes plutôt que des locaux mais j'ai tellement envie d'un vrai café ! Dans la ville, la poussière virevoltante colle à la peau, démange les narines et brûle les yeux... Je me dirige vers la Cathédrale orthodoxe de la sainte-Trinité. Son architecture en bois et ses différents toits verts émeraudes ne laissent pas indifférent. Construite au milieu du XIXe siècle, elle aurait servi après la revolution de 1917 comme centre d'entrainement, école, gymnase et même salle de danse ! Apres la chute de l'empire soviétique en 1991 et l'indépendance du Kirghizistan, le gouvernement aurait rendu au bâtiment sa fonction religieuse.


Edifice non moins surprenant, la Mosquée de Karakol étonnant mariage de genres, où les dragons impériaux côtoient le croissant de l'islam. Construite par la communauté Dungan (des musulmans d'origine chinoise), la mosquée a la particularité d'être entièrement assemblée sans clou ni vis ni colle. Une prouesse puisque sa construction remonte au début du XXe siècle .



Informations utiles
Entree Mosquée de Karakol : 20 KGS
Soupe ashlianfu : 45 KGS
4 jours de trek ALA KUL via Aigul, plus d'infos et tarifs ici
Alma hostel : 300 KGS / nuit
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