BISHKEK, SUITE ET FIN !

Dernière étape du voyage, je retrouve Bishkek la capitale que je n'avais pas eu le temps de visiter à mon arrivée. J'ai fait le trajet depuis Kotchkor en marshrutka. En approchant de la ville, je demande à mon voisin passager la station la plus proche de mon hostel. Il descend avec moi, m'accompagne jusqu'à l'auberge, en ayant pris soin de porter mon sac à dos, me salue et retourne à la station pour reprendre la marshrutka suivante vers sa destination. Une attention qui confirme la gentillesse, l'hospitalité et la prévenance des Kirghizes !

L'Interhouse hostel est bien tenu, le design est plus international que local (tout comme les tarifs d'ailleurs !), mais l'avantage est qu'il est bien placé pour visiter la ville à pieds. En chemin, je m’arrête au Time Out Coffee pour un petit plaisir : mon premier expresso depuis longtemps ! Kuban que j'avais rencontré dans la yourte au tout début du voyage me rejoint pour un café. Finalement, il propose d’être mon guide pour la journée.

L'influence soviétique est très présente à travers l'architecture et l’urbanisme de Bishkek, avec ses gros blocs d'immeubles en béton à l'image de la Maison blanche, le Palais présidentiel, et de ses larges avenues rectilignes.

Musée national des beaux-arts

La façade de béton du musée contraste avec le style néo-classique de l’Opéra juste en face. A l'intérieur, je suis frappée par la richesse des oeuvres présentées. Au delà des collections de broderies et de tapis de feutre typiques du Kirghizistan, c'est surtout les tableaux qui m'ont marquée. Ils m'invitent à un voyage dans le temps et l'histoire du pays, à travers les oeuvres des peintres romantiques russes comme Ayvazovskiy et Verechtchaguine ou d'artistes kirghizes comme Tchouïkov et Aytiev.

"Na toku", Feodor Stukoshin, 1949

Place Ala-Too

La place est dominée par une triomphante statue de Manas, le héro local. L’épopée de Manas est l’un des patrimoines kirghize les plus connus, notamment parce que l'oeuvre littéraire contient plus d’un million et demi de vers (20 fois plus que « l’Iliade » et « l’Odyssée » réunis !). L'épopée évoque la lutte d'indépendance des nomades kirghizes contre les chinois, sous dynastie mongole. Traditionnellement, elle était transmise à l'oral par des conteurs, les manastchi, lors des grands événements familiaux : fêtes de la puberté, mariages, naissances... "Le Manas" a été inscrit en 2009 par l'UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

La cathédrale de la Sainte Résurrection

L’Église orthodoxe, deuxième religion au Kirghizstan derrière l'islam, continue d’exister malgré le déclin de la communauté russe à la chute de l'URSS en 1991. La Cathédrale est un magnifique édifice roman en pierre blanche surmonté de toits bleus et de dômes en oignons dorés. A l'intérieur, légère odeur d'encens. J'allume une bougie avec une petite pensée...

La statue de Lénine

Se dressant autrefois sur la place Ala-Too, la statue de Lenine a été déplacée en 2003 derrière le musée d’Histoire (mais fait assez rare, elle n'a pas été démolie). C'est l'une des deux statues de Lénine encore debout dans le pays (la seconde étant à Och) et l'une des plus grandes au monde.

Mémorial aux morts d'Aksy

Proche de la place la place Ala-Too se dresse le mémorial aux morts d'Aksy, qui symbolise la victoire du bien sur le mal et représente un hommage pour ceux qui ont perdu la vie en combattant pour le pays. En 2002, des troubles éclatent dans le district d'Aksy lors de manifestations demandant la libération d'un opposant politique. La répression commandée par le premier ministre tue six personnes. En 2010, de violentes manifestations font des dizaines de morts et plus de 500 blessés dans la capitale. Le Parlement est assiégé, le premier ministre déclare l'état d'urgence et quelques jours plus tard le Président démissionne.

Le Kirghizistan, indépendant depuis 1991, est en proie à une instabilité politique constante et à la corruption. D'ailleurs des affrontements, liés à des rivalités personnelles entre l’actuel chef de l’Etat et son prédécesseur en fuite, se sont déroulés à la capitale, pendant mon séjour. Un membre des forces spéciales a été tué et les manifestations ont fait une cinquantaine de blessés... J'ai essayé de poser quelques questions aux kirghizes que j'ai rencontrés, mais je n'ai pas eu beaucoup plus de précisions.

Nous terminons la balade par une découverte gustative : le fameux beshbarmak plat national que je n'avais pas eu le temps de goûter ! Kuban m'invite également à la dégustation de boorsok (petits beignets), de kattama (pain traditionnel frit), de kymiz (lait de jument fermenté), de maksym (boisson fermentée à base d'orge), de soupe mampar et de plov (riz frit à l'agneau). J'ai hésité... mais n'ai pas osé goûter au cheval !

Délicieux festin pour clôturer ce voyage en beauté !!

Mon séjour s'achève... Le Kirghizistan (que je ne savais pas placer sur la carte il y a quelques mois !) m'a beaucoup marquée ! Une pensée pour la personne qui m'a inspirée cette destination et pour ceux qui ont nourri mon voyage, par leurs conseils ou leur présence. Les paysages naturels sont grandioses et variés pour un si petit pays et encore préservés du tourisme de masse. Les habitants m'ont énormément touchée, derrière une réserve apparente, ils font preuve d'une vraie générosité, franche et authentique. Leur hospitalité fait partie de leur culture, l'histoire d'un peuple nomade qui accueille le passager. On ne laisse pas un Homme à la porte (il parait que les riches familles offraient même un cheval si leur hôte en avait besoin pour reprendre la route). Nous devrions nous en inspirer...

Je suis partagée à l'idée de promouvoir cette destination autour de moi ou de la tenir confidentielle pour la préserver. J'ai choisi la première option, parce que le tourisme peut aussi aider un pays dans son développement et dans le rayonnement de sa culture. Tant qu'on respecte les Hommes et l'environnement.

Alors allez-y ! Mais voyagez responsables... ;-)

Infos utiles :

marshrutka Kotchkor - Bishkek (200 km) : 300 KGS

Interhouse hostel : 650 KGS/nuit

Taxi vers l’aéroport international de Manas : 600 KGS